« Comprendre Trump par la littérature ». Narmin Kamal 14 septembre 2019 – Publié dans Littérosa – Mots clés: , ,

Narmin Kamal, aux côtés de l’Azerbaïdjan, ses œuvres de fiction et ses non-fictions ont paru dans diverses publications, dont Der Spiegel, Qantara.de, du New York Times. En tant que voix indépendante de l’Azerbaïdjan, elle a été largement publiée dans des anthologies internationales telles que « Glückliche Wirkungen: Eine literarische Reise in bessere Welten » (2017, Ullstein Buchverlage) et traduit par (2012, The Architectural Association School of Architecture, Londres).

N. Kamal est diplômé en philosophie et en histoire de la philosophie. Sa thèse de doctorat sur Umberto Eco et la philosophie post-moderne a été publiée en 2008 et 2012 à Bakou (Qanun Publishing). Elle a été chercheuse invitée à l’Université de Navarre en Espagne et a obtenu le statut de résident en tant que chercheuse invitée / doctorante à l’Université de Bologne en Italie.

N.Kamal a traduit Sophie’s World, un roman d’histoire de la philosophie de l’écrivain norvégien Jostein Gaarder, de l’anglais en azerbaïdjanais (2010).

Comprendre Trump par la littérature

Un écrivain de science-fiction, Isaac Asimov, nous propose une histoire sur les élections présidentielles. Cette histoire s’appelle Franchise, fut écrite en 1995, et prend lieu en 2008 -dans l’avenir proche.

Isaak Asimov


Dans cette histoire, les électeurs américains ont déjà compris que les élections présidentielles se déroulent toujours entre deux candidats similaires qui divisent la sympathie des électeurs, sur le modèle « fifty-fifty ». On créa alors un supercalculateur, Multivator, pour prendre la décision idéale, d’un point de vue mathématique. (Un calculateur mesurant 1 km de long, et de la hauteur d’une maison de 3 étages : on ne pouvait pas prévoir ce que seraient les progrès).
L’histoire raconte justement que, dans un pays développé, les électeurs ont presque tous le même niveau culturel, c’est pourquoi Multivak se satisfait de l’opinion d’une personne, plutôt que de celle de millions d’électeurs, pour élire le prochain président.
Lors de chaque élection, un État est élu par une méthode occasionnelle et par là, un simple américain élu de manière accidentelle.
Après avoir pris connaissance de l’identité de l’américain que Multivak sélectionna cette année-là, des agents des organes des services spéciaux allèrent chez lui, le prévinrent, puis l’emmenèrent auprès de Multivak. Multivak posa des centaines de questions : « Êtes-vous satisfait du prix des œufs ? », « Êtes-vous satisfait de l’état des routes ? » : c’est la démocratie électron. On le ramena chez lui. Multivak commença à faire un choix entre les candidats au poste présidentiel, sur la base de ce qu’avait répondu l’interrogé.
Le héros de chaque élection est un citoyen-électeur, plutôt que les candidats à la présidence. Et l’élection nomma, en l’honneur de ce citoyen : Macomber, Muller et c.

« Multivak »

Asimov décrit ce qui se passe dans la famille du citoyen élu à la fonction d’électeur. La famille, surtout les enfants, sont très heureux, car c’est un membre de leur famille qui a été élu. Les contrats publicitaires rémunérés les attendent. Grand-père raconte qu’avant, dans sa jeunesse, tout le peuple votait ! Les petits enfants s’étonnaient : « Mais comment peut-on faire confiance à des millions d’électeurs pour le destin de la démocratie ? Multivak est une méthode plus sûre. » Cette histoire est comme ça. Il y en a en russe aussi sur Internet, seulement 3 pages. Si vous ne la lisez pas encore, vous pouvez la lire.
À présent, à la place des scrutins de millions d’électeurs dépouillés à la manière d’un « Electoral College », cela n’est plus du suffrage universel direct, c’est un système de représentation de millions de votes par un seul scrutin. La méthode de Multivak était-elle la plus précise et clairvoyante ?
Pendant des jours, les américains parlaient de la créativité d’Asimov, mais pas de cette histoire. Ils parlent d’une autre histoire d’Asimov appelée « Têtu » (The Mule). Têtu est un dirigeant, le plus brutal et le plus effrayant sur Terre. Il peut influencer les logiques, les sentiments, les mémoires des gens. Nous pouvons lire de nombreuses discussions d’américains avec le titre suivant sur Internet : Est-ce que Trump est « Têtu » ?
Trump joue le rôle de The Mule dans la trilogie d’Asimov.
« Quelles sont les ressemblances et les différences entre Trump et Mule ? ».
Les américains essaient de comprendre le phénomène « Trump » à travers la littérature. La littérature aide les gens à comprendre ce qu’ils ne comprennent pas…. Parfois par des œuvres, parfois un héros de celles-ci, ou une phrase écrite.
Pour savoir comment va évoluer une affaire, ou pour prendre une décision, notre grand-mère au châle prenait un livre sur l’étagère de ses enfants, l’ouvrait à une page aléatoire, et lisait une phrase, mais pas toutes. Grâce à une phrase négative ou positive, elle savait si les affaires seraient bonnes ou non.
Ce livre était souvent le Coran, mais pas toujours.
La tante Tutu de 80 ans, qui était l’amie de ma grand-mère, aimait les enfants et nous donnait des sucreries Candi. Elle baisait le front des tous les enfants et s’asseyait en ramassant son voile.
Pendant les événements politiques auxquels elle-même ne comprenait rien, elle perdit tous les hommes de sa famille. Cette vieille femme habitait dans un quartier iranien de Bulbule. Quand elle venait chez nous, elle prenait un livre sur l’étagère des jeunes. Elle avait besoin d’une seule phrase, seulement une. Par exemple : elle prenait le livre « Le Don paisible » de Cholokhov, fermait ses yeux, ouvrait le livre, mettait son doigt sur une partie de la page et disait : « Ma fille, je ne peux pas voir, lit cette phrase pour ta grand-mère ». Les jeunes prenaient le livre et lisaient pour elle cette phrase polysémique : « Quand Qriqori frappait à la porte, Darya se balançait comme la flamme d’une bougie ».

Traduction par Chahana Karim

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