« J-55 avant confinement » Jean-Emmannuel Medina 25 mars 2020 – Publié dans Littérosa – Mots clés: , , , ,




Jean-Emmanuel MEDINA, après avoir obtenu un doctorat en droit international en 2010, il décide de devenir avocat. Il prête serment en Alsace puis s’installe  au Barreau de Strasbourg. En 2017, il co-fonde les Éditions Kapaz.


Flash-back

J-55 avant confinement (22 janvier 2020).

Depuis quelques jours, je lis de plus en plus d’articles qui parlent d’un « virus » qui pourrait être transmissible à l’homme. Désormais, il a un nom mais il est encore connu sous sa dénomination scientifique assez obscure pour le néophyte que je suis : « 2019-nCoV ».

On ne sait quasiment rien sur ce virus et les autorités me paraissent filtrer un maximum sur la situation et sa possible ampleur. On nous dit qu’il pourrait avoir infecté l’humain à partir d’un serpent. De son côté, le très sérieux Institut Pasteur de Shanghai estime que le « réservoir naturel » de ce virus pulmonaire découvert à Wuhan, d’après les éléments de langage officiels, pourrait être une chauve-souris. On lit aussi qu’il existerait un autre animal intermédiaire difficile à déterminer, Pangolin, Opossum, qui sait ! Tout est possible s’il l’on en croit les images insoutenables du marché aux animaux de Wuhan qui circulent en boucles.

A ce propos, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces animaux exotiques que certains chinois aiment manger pour toutes sortes de raisons, la cuisine, la médecine traditionnelle et dans certains cas plus esthétiques, la performance sexuelle. Os, cornes, sang d’animal laissé à l’agonie, bile et toutes sortes d’abats prélevés… tout y passe !

Dans ces conditions, je me plais à penser qu’une application des interdits alimentaires bibliques (Lévitique) ne ferait pas de mal. Certes, chacun mange et pense comme il le souhaite, les cultures sont diverses et il est bon pour l’humanité que cela demeure ainsi, mais quand même ! S’il y a plus de 3.400 ans, des règles alimentaires précises ont été données et transmises par les sages, ce n’est pas uniquement pour simplement restreindre l’homme ! Au-delà de la prescription religieuse dont il appartient à chacun d’en percevoir le sens mystique véritable et profond, il y a l’aspect sanitaire. L’hygiène et le bon sens doivent primer lorsque l’homme s’alimente !

Ce même jour, les autorités chinoises mettent la ville de Wuhan en quarantaine. Plus aucun train ni avion ne doit quitter la capitale de la province du Hubei. A ce stade, je pense encore que le virus n’est pas si grave, même si près de vingt personnes en sont mortes. Je me dis que les autorités chinoises vont certainement le contenir comme elles l’avaient fait avec le SRAS en 2002-2003. Contrairement à nous, ils ont une véritable capacité décisionnelle et les citoyens sont bien plus obéissants.

A mon retour du cabinet, j’en parle à mon père qui passe avec ma mère leur dernier jour à la maison. Pendant quinze minutes, je ne peux m’empêcher d’évoquer avec eux les habitudes alimentaires des chinois sur lesquelles les médias ont porté une attention particulière. On arrive à une conclusion réaliste : les chinois sont capables de pousser à sa perfection le raffinement, il suffit de voir la richesse de leur culture culinaire, mais ils sont également capables, aux antipodes de ces magnifiques petits plats finement assaisonnés, de ces fritures et ces vapeurs excellentes pour le palais, de s’alimenter de prédateurs, d’animaux sauvages volants, à pattes ou rampants, d’insectes divers, tous utiles au règne animal mais que l’homme pourrait aisément s’abstenir de consommer. Le pire est d’imaginer nos petits animaux de compagnie, nos chiens, nos chats, nos cochons d’Inde dans les marmites chinoises… C’est ici l’épicentre de la problématique alimentaire de ce type de marché, la face honteuse tapie dans l’ombre de la grandeur indéniable de la culture culinaire chinoise, les quelques images qui ont été faites sur le marché aux bestiaux sont répugnantes.

Comment les autorités chinoises peuvent-elle laisser demeurer un tel archaïsme et une telle insalubrité ?

Mon père me fait part de sa réflexion : « Il faut toujours des drames pour que les usages changent ». Il a fort raison mais il est difficile de balayer de profondes habitudes alimentaires d’un seul coup. Je crois quand même que la démarche de Pékin, souvent répressive avec force, peut modifier la perception du chinois moyen encore en proie aux croyances véhiculées sur les vertus supposées de certains types d’aliments ou parties d’animaux sauvages. Prenons l’exemple des rhinocéros, ces magnifiques animaux sont en train de disparaître parce qu’on prête à leurs cornes massives des vertus en matière d’érection, alors qu’il suffirait qu’on dise tout simplement à ces individus de se ronger les ongles, ou de se manger les cheveux, pour obtenir le même effet « aphrodisiaque » !

Ce qui est sûr pour moi, c’est que j’ai déjà trop entendu parler de ce virus pour qu’il ne soit qu’anodin… Certes, je connais la propension des médias à creuser vainement les faux sujets et à délaisser les vraies questions mais là, je me dis que tout cela mérite que je reste vigilant.

C’est décidé, j’en parlerai autour de moi…

« « J+7 après confinement » Valentin Da Fonseca
« Le jour où j’ai découvert le coronavirus ». Dilbadi Gasimov »