Initiation au Mugham, musique traditionnelle 29 septembre 2019 – Publié dans Littérosa – Mots clés: Article de Valentin Da Fonseca, Aslace, Azerbaïdjan, Concert du Mugham, France, Strasbourg
Tout strasbourgeois connaît la merveilleuse Église protestante de Saint-Pierre-le-Jeune, richement décorée de fresques et sculptures et inscrite au registre français des monuments historiques.

Au pied de son jubé, sur lequel trône majestueusement un orgue tricentenaire, le groupe de Mugham « Karabakh » dirigé par Mansum Ibrahimov, se prépare à entamer un programme musical mêlant mughams et chansons populaires. Précisons à nos lecteurs que le mugham est une musique traditionnelle azerbaïdjanaise associant un chanteur à des instruments typiques, caractérisée par un haut degré d’improvisation lors de l’interprétation.
Comme l’expliqua si bien en guise de prologue au concert M. Ismayilov, ambassadeur de l’Azerbaïdjan auprès du Conseil de l’Europe, le choix des chansons du programme se fit à partir de l’œuvre de Imadeddine Nassimi, grand poète Azerbaïdjanais de la fin du XIVe siècle, dont l’influence fut si considérable pour ce que deviendra le Caucase qu’elle s’étendit à la poésie turcophone.
Cet évènement, organisé à l’occasion du 25e anniversaire de la Commission nationale de la République d’Azerbaïdjan pour l’UNESCO, cherchait à présenter et promouvoir le Mugham, qui est inscrit sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2008.

Ainsi, furent notamment interprétées Leylam, Zeriflik (« Finesse »), Azerbaycan gozeli (La belle azerbaïdjanaise), ou encore Gafil oyan (« Éveille-toi l’ignorant », du film « Nassimi »).
Les instruments traditionnels employés pour accompagner les différents chants furent un tar (luth à long manche), un kamantcha (violon à pique, à quatre cordes) et un gaval (sorte de tambourin).
Couplez les percussions de ce dernier à la profondeur musicale du chant des artistes et vous vous retrouverez avec un cœur qui bat la chamade, au rythme de la mélodie.
L’aspect mystique des mughams, qu’on retrouve de façon récurrente dans l’univers de Nassimi, se ressent dans le corps de ceux qui l’écoutent : bien que ne peut comprendre les paroles que celui qui maîtrise l’azerbaïdjanais, la signification des mots nous est transmise par la voix des artistes, tirant du fond de leur être et de leur corps une énergie humaine fantastique.
Pour ma part, cela aura tout bonnement constitué une raison de réécouter des musiques devenues pluriculturelles, mais aussi de m’intéresser à la poésie de Nassimi qui fera l’objet d’un prochain article.
Pour les Éditions Kapaz,
Valentin Da Fonseca