Nizami Gandjavi et sa poésie 26 mai 2019 – Publié dans Littérosa

(1141-1209)
La principale oeuvre de Nizami Gandjavi est « Khamseh » (« cinq poèmes »), composé de cinq poèmes : « Trésorerie des mystères » (1173-1179), « Khosrow et Chirin » (1181), « Leyli et Madjnoun » (1188), « Sept beautés » (1197) et « Iskandernameh » (environ 1203). Né en Azerbaïdjan, ayant cultivé son talent à Gandja, sur sa terre natale, Nizami s’est appuyé sur les contes populaires pour créer son oeuvre. Toute sa vie était étroitement liée avec le peuple azerbaïdjanais. Actuellement, sa tombe est ornée d’un énorme mausolée sous la forme d’une tour de quinze mètres, réalisé dans le style des célèbres constructions architecturales d’Azerbaïdjan du XII siècle. À Bakou, il y a un monument érigé en honneur du poète, c’est également la ville qui abrite le musée d’histoire et de littérature portant son nom. Le grand poète azerbaïdjanais Nizami Gandjavi vivait au XII siècle. Les historiens témoignent qu’à l’époque en Azerbaïdjan il y avait beaucoup d’artisans et d’artistes, le commerce se développait, on construisait des bâtiments grands et beaux à Bakou, Chemakha, Gandja, Beylagan, Barda. les siècles qui viennent. Il y a huit siècles, le talent de Nizami a été reconnu par les connaisseurs de la poésie. Aujourd’hui, des millions de personnes lisent son oeuvre à l’école, l’étudient aux universités. Nous avons devant nous un nouvel Azerbaïdjan, transfiguré par les gens de notre époque.
Il y avait beaucoup de artisans, tisseurs de tapis, maîtres armuriers et joailliers habiles, fabricant des objets et des vêtements de luxe.
Il y a eu des poètes remarquables. L’oeuvre de Nizami est immortelle. Ses poèmes vont dans tous les pays du monde, comme des caravanes. Ils sont arrivés chez nous, à notre époque. Nous pouvons voir comment Nizami fait grandir l’Homme avec un grand H, à quel point son amour de la vie rejoint le nôtre. Toutefois, il faut remonter aux sommets de ses idées afin de le comprendre plus profondément. Il suffit de se demander quels poèmes du siècle précédent peuvent supporter un chemin de huit siècles comme c’est le cas des poèmes de Nizami, pour que son exploit poétique devienne plus clair, sa capacité de traiter des idées grandioses, les transformant en un texte d’une puissance artistique incomparable, son talent pour la présentation des passions élevées et des images romantiques, son large horizon, sa capacité de créer des caractères nobles et héroïques et de regarder devant, dans les siècles qui viennent. Il y a huit siècles, le talent de Nizami a été reconnu par les connaisseurs de la poésie. Aujourd’hui, des millions de personnes lisent son oeuvre à l’école, l’étudient aux universités. Nous avons devant nous un nouvel Azerbaïdjan, transfiguré par les gens de notre époque.

Dès qu’intimation me parvint à couvertde l’enceinte royale de Salomon,
je pris mon vol, tel l’oiseau ailes déployées,
afin de me présenter au seuil magnifique.
Dans l’intimation le messager signifiait : »La nuit de la Fête,
fais surgir croissant de lune tel que, de finesse,
au travers le voile des ténèbres,
le premier venu ne puisse le voir.
Et pour que ton sortilège fasse sa proiedes magiciens
par le jeu de ton imagination,
verse à foison le poivre sur le feu ;
fais crépiter la flamme ; attise la braise.
La cire froidie, en pareille fournaise
rends souple et douce, dictame pour le coeur.
Ta litière, pousse-la hors de la sente étroite ;
assez de cabrioles sur l’âne boiteux !
Le sept portait (Yeddi gözəl) Traduit par Isabelle de Gastines

Leyli et Madjnoun
Le troisième poème de Nizami « Leyli et Madjnoun » a été écrite en 1188 à la demande du chirvanchah Akhsitan Ter. « Leyli et Madjnoun » élabore le sujet d’une vieille légende arabe sur l’amour malheureux du jeune homme Kaïs, appelé « Madjnoun » (« Obsédé ») pour la belle Leyli. Le récit se déroule autour des circonstances de l’apparition des poèmes lyriques passionnés de Kaïs, tourmenté par son amour. Nizami a ajouté à la légende arabe son fini, a montré les caractères des héros dans l’évolution, a fourni un motif psychologique à leurs actes. La conception tragique générale du poème qui réside dans l’amour illimité aboutissant uniquement à une poésie douloureuse et conduisant à une union spirituelle des amoureux appartient également à Nizami Gandjavi. C’est elle qui forme un tout dans l’oeuvre. Leyli et Madjnoun brillent dans ce poème comme des comètes brisant le ciel noir du Sud dont la lumière nous aveuglent jusqu’à présent. La vie les a séparés, mais les événements de leur monde spirituel font frémir même ceux qui les menacent et qui tentent de les transformer en de simples mortels, de les obliger à se résigner à la dure réalité de l’époque. Ils ne s’y résignent pas, tout comme Nizami, et continuent à chercher la voie du bonheur pour l’humanité tombée dans le désastre. Pourquoi Leyli et Kaïs passionnément amoureux ne peuvent- ils pas être heureux? Nizami répond à cette question avec une force de persuasion suffisante. Leyli ne se marie pas avec Kaïs uniquement à cause du fait que c’est un homme peu ordinaire et un poète qui ne veut pas vivre selon les normes du morale traditionnel dominant la société.
Sa poésie est aussi enflammée et inspirée que son amour. Kaïs lance une sorte de défi à la société qui le considère comme quelqu’un de obsédé, comme un fou (« Madjnoun »). Nizami soulève la question importante sur la libération spirituelle de l’homme, la liberté de sa volonté, le droit au bonheur personnel. Comme dans son poème précédent (« Khosrow et Chirin »), Nizami présente le personnage de Madjnoun, héros principal, tout au long de sa formation, son développement. Tout le poème se divise distinctement en plusieurs épisodes, où toutes les tentatives de résoudre avec succès un conflit se terminent par un échec, ce qui ne fait que renforcer la passion, la rendant petit à petit insurmontable. Ces épisodes ralentissent exprès l’action. La passion du héros conduit à une catastrophe. Madjnoun coupe les ponts avec la société humaine pour toujours. Le lecteur n’a pas de doutes : maintenant, quoi qu’il arrive, la fin ne sera pas heureuse. Le mari de Leyli meurt. On dirait qu’il n’y a plus d’obstacles à ce que Leyli et Madjnoun se réunissent. Mais c’est trop tard, car Madjnoun, ayant tourné le dos aux gens, n’a plus besoin de Leyli non plus : elle est son idéal, son dieu. C’est pourquoi Leyli meurt, cédant sa vie à l’image idéale qui vit dans l’imagination de Madjnoun.