« Réflexions sur la beauté ». Charif Aghayar 1 août 2020 – Publié dans Littérosa – Mots clés: auteur azerbaïdjanais, charif aghayar, Littérature azerbaïdjanaise, Littérature moderne
Charif Aghayar, écrivain, poète, publiciste. Il est l’auteur de trois romans et des nouvelles. Actuellement il collabore comme essayiste et journaliste avec différents journaux.
Traduit de l’azerbaïdjanais par Konul Ramazanova
Je me suis toujours demandé : pour quelles raisons des gens du monde entier, dont la langue, la religion, les coutumes et l’apparence sont complètement différentes, se réjouissent-ils de la même chose, rient de la même chose et pleurent de la même chose ?
Qu’est-ce que l’humanité a en commun ?
Pourquoi une belle musique, une belle peinture, un beau film, une belle nature, plaisent-ils autant à un moine possédant une longue barbe et vivant seul dans les hauteurs vierges des lointaines montagnes tibétaines, qu’à un pickpocket portugais vivant à Madrid ?
Pourquoi est-ce que la chute soudaine d’un enfant qui s’amusait en courant, suscitent, chez les personnes du monde entier et quelle que soit leur origine, le même bouleversement, la même anxiété et le même désir inconscient de vouloir secourir cet enfant ?
Tapez les mots «belle femme» dans n’importe quelle langue, à l’aide de Google Translate et vous obtiendrez au final un résultat identique.
Quel est le secret de tout cela ?
Pourquoi une fille qui sourit avec des fossettes sur les joues, est-elle toujours et partout attirante ?
Pourquoi devrait-elle avoir deux yeux, deux sourcils et un nez ?
Je ne parle pas de la largeur du front, ni de l’épaisseur des cheveux, ni de la longueur du cou.
C’est peut-être une habitude d’ordre purement visuel ?
Mais par la suite et s’agissant de créatures que nous rencontrons pour la première fois, nous savons immédiatement dire lesquelles sont belles et lesquelles sont laides.
Pourquoi un homme ayant un gros ventre n’est-il pas esthétique ?
Pourquoi est-ce une grande qualité d’être grand, mince, avec une petite bouche et de gros muscles?
Avez-vous déjà pensé à ça ?
Le concept de beauté venant de qui l’a inventé, comment son inventeur a-t-il décidé que ceci est de la beauté et que cela est de la laideur ?
Et il s’est engagé à toujours suivre ce principe sans se préoccuper du ressenti des gens.
Pour moi, il n’existe aucune formule concrète définissant la beauté, tout se trouve dans la création de l’homme.
Elle n’est pas vraiment soumise aux lois scientifiques telles que nous les connaissons.
Sinon, l’art et la créativité perdraient leur essence.
Nous pourrions créer la beauté sur mesure et à tout instant, grâce à la puissance de la science et de la technologie.
L’homme y parvient en partie.
Mais avec un talent puissant et aussi mystérieux que la création elle-même.
Ici aussi, une mystérieuse «main» est impliquée dans le processus de création de la beauté.
Parce que la beauté fait partie de la création de l’homme, il aime, apprécie et parfois est attiré par tout ce qui lui convient.
Autant les minéraux et les vitamines dont notre corps a besoin sont créés par la nature, sous la forme d’eau et de fruits extérieurs à nous, autant le programme permettant de ressentir et aimer la beauté fait partie de nous-mêmes.
Il a été créé avec nous.
Le grand poète Fuzouli explique cela à travers ses sentiments panthéistes:
Sans beauté, l’amour ne peut apparaître
Sans amour, la beauté ne peut être maîtrisée
L’amour et la beauté sont étroitement liés.
Sans l’un, l’autre n’a pas de sens.
L’amour est un besoin vital et naturel et la personne aimée peut justement nous donner cet amour.
Comme l’amour aspire à la beauté, l’absence de beauté dans l’amour rend les paroles tristes?
Lorsque les œuvres d’art abordent la beauté de notre création, elles deviennent de véritables œuvres d’art.
Sinon, l’histoire d’un vagabond mexicain poignardant un homme dans les ruelles sombres du Mexique ne plairait pas à un Égyptien ayant quatre épouses et tombé dans la poussière du désert.
Nous rions d’un événement qui attriste un japonais.
Il n’y a rien au monde qui unisse les hommes de façon plus importante que la beauté.
Pas de religion, pas d’idéologies internationales, pas de grands syndicats.
Cette beauté est en quelque sorte l’équivalent de cet être abstrait que nous appelons Dieu.
Que soit remercié pour sa contribution à la réalisation de cette nouvelle: Thierry Edmond
Kapaz (c) 2020
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