« J+7 après confinement » Valentin Da Fonseca 27 mars 2020 – Publié dans Littérosa – Mots clés: , , , ,


Valentin Da Fonseca, étudiant en droit, passionné d’arts et de cultures. Dans ce cadre, il collabore régulièrement sur plusieurs projets littéraires.


J+7 après confinement (24 mars 2020).

Mon chien ne cesse de geindre depuis une trentaine de minutes. Lui qui passe habituellement ses journées de Beagle couché dans son panier me manifeste à présent, avec impatience et désinvolture, son désir de sortir.

A peine ai-je prononcé le mot « promener » qu’il se met à remuer la queue, le chien ayant son sourire dans sa queue comme le disait habilement Victor Hugo, et à m’attendre devant la porte d’entrée. Je noue donc mes lacets, prends mon attestation de déplacement dérogatoire, cochée à la case « déplacements brefs (…) besoins des animaux de compagnie », puis sors dans ma rue.

Il fait agréablement beau, un grand soleil me réchauffe malgré mes couches de vêtement – nous ne sommes en effet que fin mars. Tout en marchant machinalement vers un coin plus isolé, idéalement situé pour promener son animal, des pensées se bousculent dans ma tête. Je me surprends même à ressentir un semblant de sentiment de culpabilité du fait de ma sortie, alors que ce n’est que mon troisième grand bol d’air depuis le début du confinement il y a tout juste une semaine. Preuve en est que le rabâchage politico-médiatique produit bien ses effets, même sur les plus raisonnables d’entre nous.

Le Premier ministre venait, la veille au soir, de prononcer une allocution télévisée annonçant le durcissement des conditions de confinement – quarantaine diront certains, les rumeurs des milieux politiques évoquant bien un mois et demi d’ « assignation à résidence » !

Il s’agit, entre autres mesures, de limiter à 1 heure et 1 kilomètre du domicile tout déplacement, qu’il s’agisse de faire du sport ou de sortir ses enfants ou son chien. Certes ! 

Bien que sensible et attaché aux libertés publiques et individuelles, j’accepte par la nécessité de l’effort collectif contre l’épidémie de restreindre mes droits les plus fondamentaux, tels que circuler librement. Pas seulement parce qu’une autorité politique l’exige, mais surtout parce qu’il y a des raisons rationnelles à ne plus sortir de chez soi. L’intérêt général nécessite de sacrifier une part de ma liberté et de celle des autres pour freiner la propagation du Covid-19 auprès des plus fragiles. C’est un témoignage de responsabilité, c’est le sens profond du contrat social qui fonde et lie notre nation.

D’autres mesures annoncées par le chef du gouvernement, auxquelles je repense en tenant fermement mon chien, avaient retenu mon attention. Les déplacements pour raisons médicales sont à présent réservés aux soins urgents. Afin de « soulager les soignants » et d’exprimer la nécessaire « solidarité envers les plus fragiles », nous ne pourrons dorénavant plus consulter de médecin que pour une urgence ou une convocation. Je pense aux personnels médicaux, à tous les soignants que nous applaudissons ponctuellement le soir à 20 heures, qui font preuve d’un courage et d’une résistance remarquables, dans un contexte de crise sanitaire sous-estimée dès son commencement par nos pouvoirs publics.

« « J-02 avant confinement » Jean-Emmanuel Medina
« J-55 avant confinement » Jean-Emmannuel Medina »