L’interview avec Tchinguiz Abdoullaïev 8 mai 2019 – Publié dans Littérosa

Bonjour à tous mes amis lecteurs et lectrices

Voici l’interview d’un auteur russophone, Tchinguiz Abdoullaiev pour son roman « Dressé pour tuer » chez L’Aube Edition.

Nous retrouvons le personnage principal Drongo, Ex –agent du KGB.  J’ai dévoré ce roman avec délice tellement on est pris dans l’histoire.

Une mystérieuse série d’attentats vise un ministre du gouvernement russe. Le contre-espionnage hésite à faire appel au fameux privé Drongo, car ce serait reconnaître qu’il ne maîtrise pas la situation. Le laissera-t-on remonter la filière du complot jusqu’au sommet ? Et où se situe ce sommet dans un État miné par les intrigues et la corruption, et où, par conséquent, tout le monde a tendance à soupçonner tout le monde ? Drongo, lui, sans jamais baisser la garde, guette toujours en chaque homme, fût-ce le pire des criminels, de petites étincelles d’humanité.
 Une enquête rondement menée, dans les plus hautes sphères du pouvoir russe.

Un Privé russe à la sauce américaine de très haute facture et niveau action. Vous ne serez pas déçus !

Je vous souhaite une très bonne lecture noire et fin de semaine, nous partons dans le Val d’Oise.

1/// Bienvenu sur le divan du Concierge. Ma première question, pour faire connaissance avec vous : Pouvez-vous nous parler de votre enfance et comment êtes-vous venu à écrire des romans ?

J’ai eu une enfance heureuse. A la maison nous avions plein de livres dans des langues différentes. Mon père était président du Barreau en Azerbaidjan et ma mère était doyenne d’université. Dès ma plus tendre enfance, j’ai été entouré de livres et adoré lire. Churchill disait que les enfants sont éduqués par les livres de la bibliothèque de leurs parents.

2/// Comment sont perçus les écrivains de thrillers en Russie ?

En Russie la situation est un peu différente de  la  situation en France. Au 19ème siècle en Russie la littérature était réservée à l’élite, il n’y avait pas de littérature populaire. C’est toujours le cas en Russie et en Azerbaidjan , certains styles de littérature ne sont pas considérés comme prestigieux comme par exemple la littérature policière, les thrillers et la fantasy. C’est la tradition de la grande littérature russe qui influence également les autres républiques. Des auteurs comme Simenon, Poe, Conan Doyle, Dumas et Azimov ne sont pas particulièrement considérés comme des auteurs sérieux. Comme exception je peux citer Jules Verne qui écrivait pour les enfants. Mais actuellement la situation est en train de changer.

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3/// En 1985 vous avez écrit votre premier roman, qui fut censuré par le KGB et qui n’a pu être publié qu’en 1988 après que vous aillez quitté l’armée. Pouvez-vous nous raconter ce moment difficile de votre carrière d’écrivain ?

Oui, le livre Blue Angels a été écrit en 1985 et publié en 1988 seulement. Il était interdit d’écrire sur Interpol ou sur les opérations secrètes. C’est ironique que je soit invité à Lyon par le président d’Interpol. Tu ne le sais peut-être pas mais dans les années 50 l’écrivain Lev Ovalov a écrit un roman sur le travail de la police. Il a été emprisonné pour avoir divulgué des informations internes .

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4/// Vous avez été Agent de renseignement soviétique jusqu’en 1987, et puis blessé en opération et décoré, on ressent dans vos romans le vécu de votre carrière, cela vous aide pour écrire ?

Ma vie a une influence indubitable sur mes livres. Mais bien sûr je suis loin d’être aussi malin que Drongo.

5///Comment vous est venu l’idée de votre roman « Dressé pour tuer » ?

Mon œuvre comporte 192 écrits, parmi lesquels des romans et des nouvelles. Je ne me concentre pas trop sur l’origine de mon inspiration. La collection de mes écrits s’intitule « La Comédie Criminelle » et beaucoup de personnages passent d’un roman à l’autre.

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6///Vous montrez dans votre roman une Russie intrigante et  corrompue, est-ce vraiment comme ça ?

Pas seulement en Russie mais aussi dans beaucoup d’autres pays de la CEI. L’écroulement de la grande nation (l’URSS) a influencé la mentalité des gens. De nos jours malheureusement  la corruption est plus répandue.

7/// Il y a deux personnages que je ne pourrai oublier : Drongo et Slepniov, pouvez-vous nous en parler ?

Drongo est le protagoniste, Slepnev son antagoniste. Les deux personnages  présentaient pour moi  autant d’intérêt l’un que l’autre d’un  point de vue créatif.

8/// Avez-vous une anecdote sur votre roman à partager avec vos lecteurs et lectrices ?

A l’origine le titre du roman devait être Jour de colère, mais on m’a dit que c’était le titre d’une des manifestations de Marine Le Pen, alors j’ai changé le titre de la version française. Je n’ai aucune sympathie pour son positionnement politique.

9/// Pouvez-vous nous parler de vos deux autres romans parus en France : Une cible parfaite et le fardeau des idoles ?

Le Fardeau des idoles parle d’humanité et de tolérance. La cible parfaite parle de la difficulté pour un homme de résister face à une situation insupportable.

10///Le concierge est curieux ! Pouvez-vous nous parler de votre prochain roman publié en France ?

Cela ne dépend pas de moi. Ce sont les éditeurs et le traducteur qui décident. Je leur ai transmis ma trilogie sur Poutine. Ils décideront peut-être de la publier.

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11/// Comment vous écrivez ?

La journée je travaille,  et j’écris le soir. J’écris aussi des scénarios pendant le week-end. Il y a eu deux séries télé et 7 films réalisés d’après mes livres. En ce moment même un film est en cours de tournage. Je peux écrire partout, pas seulement dans mon bureau, à condition que rien ne vienne me distraire.

12///Quels sont vos écrivains préférés ? Et que lisez-vous actuellement ?

Hemingway, aussi bien en tant qu’auteur qu’en tant que personne, Ray Bradbury, Isaac Asimov, Robert Scheckley. De tous les auteurs de policier, celui dont j’apprécie le plus l’œuvre est Simenon, pour son humanité. Il y a deux ans j’ai lu un roman de Kader Abdolah. Il est iranien mais vit en Hollande et écrit en néerlandais. Son travail m’a beaucoup intéressé.

A pro-Russian man holds a Russian flag behind an armed servicemen on top of a Russian army vehicle outside a Ukrainian border guard post in the Crimean town of Balaclava

13/// Je sais que je ne devrais pas poser la question…mais que pensez-vous du conflit actuel entre L’Ukraine et la Russie ?

C’est une grande tragédie pour les peuples ukrainien et russe. La situation est difficile à comprendre pour les européens et les américains. Dans tous les cas les gens de la base souffrent. Ce ne sont pas des décisions simples. La souveraineté territoriale des autres pays doit être respectée, mais il faut aussi prendre en compte les problèmes rencontrés par les gens auxquels on interdit de parler  leur propre langue et de vivre comme ils le veulent.

14/// Vous êtes venu en France pour la sortie de votre nouveau roman, que pensez-vous de la France et de ces lecteurs ?

Si j’en crois la réception par les critiques et l’opinion des lecteurs, ils apprécient mes livres et aiment ce que je fais. Le plus important c’est qu’ils partagent ma vision du monde, ils comprennent pourquoi j’écris et quels sont mes idéaux.

15/// Quel sera votre mot de fin pour conclure cette interview ?

Je te remercie de ton intérêt pour mes livres et  mon opinion.

Source: http://www.concierge-masque.com/2014/09/23/mr-tchinguiz-abdoullaiev-dresse-pour-tuer-chez-laube-edition/

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